Le Hollandais J. Frans Gerritsen a proposé un nouvel essai de classement des couleurs en fonction de notre sensibilité chromatique. Gerritsen souhaite retrouver quelques-unes des anciennes lois chromatiques, ainsi qu’il le déclare en 1984 dans son Evolution de la théorie des couleurs: «Comme chez les anciens Grecs, les couleurs sont ici ordonnées en fonction de leur degré de luminosité entre le noir et le blanc. Conformément aux théories anciennes, la couleur «mixte» rouge se trouve à l’extrême périphérie entre le noir et le blanc: les couleurs newtoniennes du spectre reprennent leur juste place; les couleurs fondamentales, alternativement plus claires et plus foncées, s’opposent normalement en couples complémentaires, comme dans le schéma chromatique de Maxwell.» (Texte détaillé)
Le Hollandais J. Frans Gerritsen a proposé, en 1975, un nouvel essai de classement des couleurs en fonction de notre sensibilité chromatique. Il choisit à cet effet trois variables — ton, luminosité et saturation — qui déterminent un corps cylindrique, comme pour la représentation figurée du système Coloroïd. Une ligne ondulée irrégulière court en surface; elle résulte de la disposition des différents tons selon un cercle affecté de la hauteur relative propre à la luminosité variable de chacun d’eux.
Le cercle se compose de six couleurs pleines — jaune, rouge, magenta, bleu, bleu sombre et vert — disposées de façon à ce que les couples complémentaires soient diamétralement opposés. Cela permet d’alterner trois couleurs plus claires et trois autres plus sombres. Toutes les couleurs primaires et secondaires imaginables trouvent ainsi leur place sur l’enveloppe du cylindre et sur la ligne ondulée. Gerritsen classe les couleurs «incolores» — du blanc au noir, en passant par toutes les nuances de gris — comme couleurs tertiaires; elles constituent l’axe de luminosité du cylindre chromatique, divisé schématiquement en dix degrés étiquetés de A à J. Deux autres illustrations représentent respectivement une coupe verticale et une coupe horizontale à travers le corps géométrique figuré à gauche; les coupes horizontales donnent les couleurs de même luminosité. Gerritsen souhaitait, grâce à ce diagramme, retrouver quelques-unes des anciennes lois chromatiques, ainsi qu’il le déclare en 1984 dans son Evolution de la théorie des couleurs: «Comme chez les anciens Grecs, les couleurs sont ici ordonnées en fonction de leur degré de luminosité entre le noir et le blanc. Conformément aux théories anciennes, la couleur «mixte» rouge se trouve à l’extrême périphérie entre le noir et le blanc: les couleurs newtoniennes du spectre reprennent leur juste place; les couleurs fondamentales, alternativement plus claires et plus foncées, s’opposent normalement en couples complémentaires, comme dans le schéma chromatique de Maxwell. Quant à la ligne ondulée irrégulière à la surface du cylindre, déterminée par la luminosité propre à chaque couleur pleine, elle permet des gradations égales pour noter la luminosité et le ton.»
En outre, Gerritsen a élaboré son système de façon à ce que les valeurs opposées noir/blanc, bleu/jaune et vert/rouge soient perçues comme transmission de signaux lors de la perception des couleurs. Il fait intervenir sur ce point des conceptions précises sur l’évolution du sens de la vue au cours de la vie. En un premier temps ne sont perçues, selon lui, que des informations élémentaires sur le clair et le sombre, ce qui se traduit par un seul signal d’opposition blanc/noir. Se développent ensuite, en deuxième et troisième étapes, une sensibilité pour l’opposition bleu/jaune, puis pour l’opposition rouge/vert. A ce stade, le jaune est au couple rouge/vert ce que le blanc est au couple bleu/jaune, à savoir le point neutre intermédiaire. Cette «phylogénèse» de la perception des couleurs remonte aux travaux du physicien Erwin Schrödinger, qui avait publié en 1924 des considérations Sur l’origine des courbes de sensibilité de l’œil, destinées à fournir une meilleure compréhension du classement psychologique des couleurs. Par ses observations, Schrödinger permet de saisir que le blanc et le jaune sont «de véritables sensations fondamentales», la première remontant au stade «monochromatique» du développement, la seconde au stade «dichromatique». Il explique aussi de cette façon pourquoi le déréglement le plus courant dans la perception des couleurs touche à l’achromatopsie rouge/vert: cela correspondrait à un atavisme remontant au premier stade de la perception de la lumière.
Les scientifiques ont toutefois une autre explication de type biogénétique pour le daltonisme. La biologie moderne a identifié certains gènes qui interviennent dans la perception des couleurs, et — pour parler plus précisément — ceux qui contiennent les informations sur les pigments colorés recevant la lumière dans l’œil et chargés de traduire cette réception. Trois types de gène différents ont pu être identifiés, correspondant aux trois pigments bleu, vert et rouge; mais si le gène correspondant au bleu est très séparé des autres dans le matériel de la cellule, ceux du rouge et du vert sont très proches l’un de l’autre. Il s’ensuit que, lors de la division de la cellule dans les mécanismes habituels de crossing-over, ils peuvent se mélanger et devenir inefficients. La probabilité de ce phénomène se trouve augmentée d’un autre fait surprenant: il existe plusieurs exemplaires du gène «vert», alors que des gènes «rouge» et «bleu» n’existe qu’un seul exemplaire.
Le daltonisme est donc génétiquement très explicable. La répartition structurelle du matériel génétique propre à la vision des couleurs laisse à penser que la signification proposée des polarisations chromatiques et de leur évolution n’est pas incompatible avec la biogénétique. Il s’agirait, ici aussi, d’atavismes de la sensibilité chromatique: le blanc et le jaune affectent brillamment notre vue, bien qu’ils ne correspondent à aucun gène spécifique.
Datation: 1975
Origine: Hollande
Couleurs fondamentales: Six «couleurs pleines»: jaune, rouge, magenta, bleu, bleu sombre et vert
Forme: Cylindre modifié
Systèmes de référence: Newton — Coloroid — Maxwell
Bibliographie: F. Gerritsen, «Entwicklung der Farbenlehre», Göttingen 1984.