Le sculpteur et peintre canadien Michel Jacobs propose une théorie originale de l’harmonie. Lors de ses études artistiques à Paris et New York, il a été frappé par le fait que les étudiants d’art apprenaient d’abord à dessiner avant d’aborder le traitement des couleurs. Le cursus inverse lui paraît plus intelligent et c’est dans cet esprit qu’il rédige son manuel, sans proclamer pour autant à son de trompe l’originalité de son point de vue. Il s’appuie sur les travaux de Young et de von Helmholtz, et travaille avec trois couleurs primaires. Il choisit toutefois un trio original — rouge, vert et violet. Dans son livre, Jacobs a souligné la signification psychologique des combinaisons de couleurs. (Texte détaillé)
En 1923, le sculpteur et peintre canadien Michel Jacobs (1877-1958) composa un livre sur The Art of Colour, dans lequel il proposait une théorie originale de l’harmonie. Lors de ses études artistiques à Paris et New York, il avait été frappé par le fait que les étudiants d’art apprenaient d’abord à dessiner avant d’aborder le traitement des couleurs. Le cursus inverse lui paraissait plus intelligent et c’est dans cet esprit qu’il rédigea son manuel, sans proclamer pour autant à son de trompe l’originalité de son point de vue. Il s’appuie sur les travaux de Thomas Young et de Hermann von Helmholtz, et travaille avec trois couleurs primaires. Il choisit toutefois un trio original — rouge, vert et violet — qu’il appelle, pour la circonstance, spectrum primaries. En fait, le violet en question est plutôt un violet bleu du genre de ceux que von Wilhelm von Bezold etHermann von Helmholtz avaient déjà utilisés.
Michel Jacobs ordonne les couleurs spectrales primaires sur un cercle extérieur, en leur opposant, du centre jusqu’à la circonférence, trois couleurs secondaires — le jaune, le bleu et le rouge carmin, qui s’appellent chez lui des pigmentary primaries. Avec les spectrum primaries, l’ensemble constitue trois couples de couleurs complémentaires, les complementaries. La construction du cercle est disposée aussi de façon à ce que cette opposition corresponde à celle du concave et du convexe.
A partir de là, six mélanges sont possibles, qu’il indique sous forme de structures se déployant comme des corolles. Dans le sens des aiguilles d’une montre, on a ainsi l’orange, le vert-jaune, le vert-bleu, le violet-bleu, le pourpre et le rouge écarlate. Les couples complémentaires se chevauchent légèrement — comme le pourpre et le jaune-vert, par exemple — mais ils n’en sont que plus nettement distincts. Les multiples lignes des trois «corolles» servent à atténuer les contrastes aigus des couleurs complémentaires en les séparant.
Dans son livre, Jacobs a souligné la signification psychologique des combinaisons de couleurs, dont nous illustrons quelques variantes dans les petits cercles. Ils donnent presque l’impression de visages qui essaieraient divers masques…
Datation: 1923
Origine: Canada
Couleurs fondamentales: Rouge, vert et violet [bleu violet]
Forme: Cercle
Systèmes de référence: Maxwell — Helmholtz — Bezold
Bibliographie: M. Jacobs, «The Art of Color», New Jersey 1923; M. Jacobs, «The Study of Color, with Lessons and Exercises, arranged for Teachers, Artists, Students and Parents», New York 1925; M. Jacobs, «Color is Landscape Painting», New York 1955.