L’Héraldique
Le
Datation: Moyen Âge
Bibliographie: D. L. Galbreath und L. Jéquier, «Lehrbuch der Heraldik», Lausanne 1978; John Gage, «Kulturgeschichte der Farbe: von der Antike bis zur Gegenwart», Ravensburg: Maier, 1994, pp. 79-92.
Le
Le blason (ou héraldique) définit l’ensemble des normes et des principes qui réglaient l’
Les émaux à leur tour — le mot fait apparemment référence à la technique employée pour obtenir les surfaces colorées — se divisent en couleurs, métaux et fourrures. Les couleurs (dont certaines ont, comme les métaux, des noms utilisés uniquement en héraldique) sont le rouge («gueules»), le bleu («azur»), le vert («sinople») et le noir («sable»). Les métaux sont l’«or» (= jaune) et l’«argent» (= blanc). Les fourrures sont l’«hermine», la «contre-hermine», le «vair» et le «contre-vair». Le pourpre et le violet peuvent être considérés aussi bien comme des couleurs que comme des métaux (on parlera ci-dessous de couleurs-métaux). Il existe une règle de composition très stricte pour remplir le champ de l’écu ou de l’étendard: couleurs et métaux doivent alterner de façon à ce que l’on n’ait jamais couleur sur couleur ni métal sur métal.
Les couleurs secondaires — utilisées jadis pour les tournois et les livrées — comprennent l’orangé, le rosé, l’incarnat, le sanguin, le carmin, le châtain, l’olivâtre, le brun-vert, le mêlé, le jaune-vert, le cannelle, le gris, le naturel, le perle et le fleur de pêcher.
Si l’on reprend l’emplacement traditionnel des couleurs dans le cercle chromatique, on peut répartir les émaux — couleurs, couleurs-métaux et métaux — sur la circonférence de trois anneaux extérieurs concentriques proches les uns des autres, et les couleurs secondaires le long d’un cercle intérieur. Au centre de la figure se trouve le mêlé qui résulte de la juxtaposition de diverses couleurs primaires et secondaires, et signale la gamme des couleurs changeantes. Le sable et l’argent sont disposés à proximité l’un de l’autre, mais sur deux anneaux différents; le diamètre vertical qui marque leur alignement porte ensuite le gris, placé sur le cercle des couleurs secondaires, et de l’autre côté, sur l’anneau extérieur des couleurs, l’azur. De la même façon, le sinople et les gueules s’ordonneront sur le diamètre horizontal perpendiculaire au précédent, tandis que l’or est opposé au pourpre. Ce dernier occupe en héraldique un domaine très vaste, dans une gamme chromatique qui va du lilas au rouge. Sur le cercle intérieur, les couleurs secondaires sont disposées comme suit: on relève du côté du sinople la gamme des secondaires qui s’en rapprochent le plus: olivâtre, brun-vert, jaune-vert, etc. Du côté des gueules, une gamme plus vaste de couleurs allant du cannelle au fleur de pêcher en passant par l’incarnat.
On se rappellera que, selon la tradition médiévale, la nature du chevalier est double. D’un côté, elle est païenne, nordique ou germanique: le chevalier est ici un guerrier, protagoniste de légendes et de récits épiques, errant par le monde à la recherche de défis et de tournois pour illustrer son blason. De l’autre, elle est chrétienne et fait du chevalier un combattant de la foi, qui «prend la croix» pour aller délivrer la Terre Sainte. Cette dualité de nature exige une définition précise du rapport entre les vertus séculières et les vertus chrétiennes. L’héraldique indique précisément le lien entre les émaux (couleurs et métaux) et les vertus.
Les sept vertus élémentaires se divisent en trois vertus théologales (foi, espérance et charité) et quatre vertus cardinales (prudence, justice, force et tempérance). La foi a comme attribut l’or; l’espérance, l’argent; la charité, les gueules; la prudence, le sable; la justice, l’azur; la force, le sinople; la tempérance, le pourpre. Les sept vertus chevaleresques — quatre plus trois — sont disposées selon un ordre croissant qui va de la prudence à la charité, la plus grande vertu pour un chrétien.
Sur le
Les deux petites illustrations de droite proposent des
Si l’on veut pousser plus loin l’interprétation, cette combinaison de carré et de triangle peut se matérialiser sous la forme d’une pyramide: le carré de base représenterait la stabilité du terrestre, surmontée du ”dais” protecteur de quatre triangles dressés culminant dans la même espérance céleste. A cette interprétation statique pourrait enfin s’opposer une interprétation dynamique: les couleurs des vertus chrétiennes et séculières y seraient disposées sur la même circonférence, mais se déplaceraient en sens contraire. On retrouve alors la même relation d’indépendance et de rapport direct. Telle a été, par exemple, l’expérience de Perceval, lorsqu’il cherche durant une partie de sa vie l’évidence la plus essentielle de la chevalerie, qui seule donne accès au saint Graal: la fameuse question de la pitié, c’est-à-dire du lien entre le rouge et le pourpre, entre la générosité et la tempérance.
Datation: Moyen Âge
Bibliographie: D. L. Galbreath und L. Jéquier, «Lehrbuch der Heraldik», Lausanne 1978; John Gage, «Kulturgeschichte der Farbe: von der Antike bis zur Gegenwart», Ravensburg: Maier, 1994, pp. 79-92.