Dans les Églises chrétiennes, la liturgie désigne tout un ensemble de cérémonies, de textes, de paroles, de scansions temporelles, d’ornements — vêtements sacerdotaux et tissus destinés aux mobiliers et aux objets du culte — et de couleurs qui donnent forme, contenu et continuité chronologique au déroulement de la vie religieuse du clergé et des fidèles, tout au long de l’année. L’Église primitive a d’abord privilégié un «blanc pur». Il a fallu attendre 1200 pour que le pape Innocent III promulguât une instruction à ce sujet, renforcée quelque trois siècles plus tard par Pie V. Dans l’Église catholique, l’aube et le cordon sont toujours de lin blanc; en revanche, la chasuble, le manipule et l’étole sont faits de la même étoffe, mais de couleurs diverses: blanc, rouge, vert, violet, noir, rose ou doré. (Texte détaillé)
Dans les Eglises chrétiennes, la liturgie désigne tout un ensemble de cérémonies, de textes, de paroles, de scansions temporelles, d’ornements — vêtements sacerdotaux et tissus destinés aux mobiliers et aux objets du culte — et de couleurs qui donnent forme, contenu et continuité chronologique au déroulement de la vie religieuse du clergé et des fidèles, tout au long de l’année. Le propos de toute Eglise est, en effet, d’établir un rythme régulier au travers duquel la vie des simples fidèles se rapproche de la vie éternelle, moyennant la sanctification du temps lui-même. L’année liturgique suit le déroulement du drame de l’Incarnation — c’est-à-dire de la destinée terrestre du Christ — depuis l’Avent jusqu’à la Pentecôte, en conjuguant les fêtes christiques à celles des saints, que le cycle catholique a intercalées dans le calendrier christique. Les principales fêtes de l’année religieuse sont Noël, Pâques, l’Ascension, la Pentecôte et la Toussaint.
L’organisation du temps, née au Moyen Age, sanctifie donc à divers titres — temps naturel, temps de travail, temps ecclésiastique — les quatre saisons; les mois (dédiés chacun à un personnage de la vie du Christ, ou à des parties de son corps, ou à la commémoration des défunts); les semaines (le dimanche est le jour privilégié, consacré à Dieu, mais chaque jour est dédié à une «dévotion» particulière); les heures, enfin, avec la participation à l’Office divin et la lecture du Bréviaire.
Remarque préliminaire à l’histoire des couleurs dans la liturgie: l’Eglise primitive a d’abord privilégié un «blanc pur» Il a fallu attendre 1200 pour que le pape Innocent III promulguât une instruction à ce sujet, renforcée quelque trois siècles plus tard par Pie V. Dans l’Eglise catholique, l’aube (longue tunique de lin) et le cordon (qui serre la tunique) sont toujours de lin blanc; en revanche, la chasuble (sorte de manteau court, ouvert en haut pour passer la tête et sous les bras), le manipule (bande de tissu fixée au bras gauche) et l’étole (sorte d’écharpe retombant en forme de croix sur la poitrine) sont faits de même étoffe, mais de couleurs diverses: blanc, rouge, vert, violet, noir, rose ou doré. Les signications sont les suivantes:
Le blanc est la couleur de l’innocence et de la pureté; il intervient pour les fêtes du Seigneur, de la Vierge, des Anges et de tous les saints qui n’ont pas été martyrisés.
Le rouge symbolise le feu et le sang; c’est la couleur des martyrs, du Saint-Esprit, de la croix et des apôtres. On le retrouve à divers moments de l’année, pour des fêtes isolées, mais il n’est jamais arboré en continu plus longtemps.
Le vert symbolise la vie. Il est présent pour quelques dimanches mineurs, après l’Epiphanie et Pâques.
Le violet est symbole de mortification et de pénitence. Il est porté pour le temps de l’Avent, celui du Carême, ceux des Quatre-Temps qui ouvrent chacune des saisons, pour les Vigiles et pour la procession des Rogations.
Le noir est la couleur du deuil. Il est arboré pour le Vendredi-Saint, la Toussaint et la messe des morts.
Le rose marque les pauses joyeuses dans les temps de jeûne et de pénitence.
L’or est permis pour les jours de fête liturgiques. Il peut remplacer le blanc, le rouge et le vert, mais jamais le noir.
Sur la grande figure de gauche, la couronne extérieure reprend les couleurs employées par l’Eglise catholique, en fonction des fêtes les plus importantes du calendrier religieux. Le cercle intérieur généralise en simplifiant et montre la couleur dominante de chaque période. Le temps de l’Avent est celui de la pénitence et de l’attente; il est donc en violet. Noël est marqué de blanc, la couleur des anges. (Les ornements des trois messes de Noël sont gradués pour symboliser le passage de la pénitence de l’Avent à la lumière de la Nativité, par exemple dans l’ordre violet-rouge-blanc.) Le temps de l’Epiphanie sera celui du blanc, durouge ou du doré, symbolisant l’éclat de l’étoile qui a conduit les Mages, après quoi arrive la neutralité du vert. Entre la Septuagésime et Pâques domine de nouveau le violet du jeûne et de la pénitence. Après le noir du Vendredi-Saint, la fête de Pâques célèbre la résurrection en blanc. Le reste de l’année revient au vert, avant que le cycle ne recommence.
Le Directorium contient les prescriptions de couleur, mais la détermination de celles-ci n’est pas nécessairement symbolique; elle peut être parfaitement arbitraire. Il arrive même que l’on y propose plusieurs possibilités de choix pour certaines circonstances.
La couronne intérieure suit le même système que l’extérieure, mais pour le calendrier de l’Eglise réformée (ici pour une communauté protestante milanaise, ce qui implique quelques différences avec d’autres communautés luthériennes, calvinistes ou zwingliennes). En général, l’emploi des couleurs est infiniment plus sobre chez les protestants que chez les catholiques. Après les réformes du XIXe siècle, on a redonné un peu de vigueur à l’usage des couleurs, tout en recommandant la sobriété et le renoncement total aux couleurs «pompeuses et exaltées». Le blanc, associé au noir, garde sa valeur symbolique. A l’origine, les pasteurs comme les fidèles portaient ces deux couleurs, mais elles n’étaient pas utilisées pour orner les temples. Le blanc est parfois employé dans les célébrations comme couleur du deuil, afin d’évoquer le rapport étroit entre la mort et la renaissance. Si l’on compare le système chromatique des catholiques à celui des réformés, il est manifeste que le premier joue plus sur la sensualité, alors que le second est davantage marqué par la spiritualité.
Sur une autre figure, les couleurs sont disposées selon le cercle chromatique traditionnel, avec l’or au centre. Deux polarités se dessinent ainsi (rouge/vert et blanc/noir), tandis que le reste des couleurs se cantonne entre le rouge et le noir.
La troisième figure met en relation les fêtes liturgiques avec le calendrier astronomique des solstices et des équinoxes, si important dans le monde pré-chrétien des communautés agraires. On y voit clairement à quel point le calendrier liturgique est venu se superposer au calendrier astronomique, en unissant les quatre événements astronomiques à des fêtes religieuses importantes. Les quatre quadrants ainsi déterminés sont à leur tour divisés en fonction d’autres célébrations, ordonnées symétriquement. La couleur prédominante est ici le blanc; seules la Saint-Jacques et la Saint-Matthieu ont droit au rouge.